Séparation et divorce
Conjoints en union parentale : comment répartir les biens à la séparation ?
Au Québec, certaines règles encadrent le partage des biens des conjoints en union parentale en cas de séparation. Les règles varient selon que le bien fasse partie ou non du patrimoine d’union parentale des conjoints.
Comment savoir si vous êtes en union parentale ?
Vous êtes en union parentale si vous êtes conjoints de fait et que :
- vous avez au moins un enfant commun né ou adopté après le 29 juin 2025,
ou - vous êtes parents d’au moins un enfant commun et avez signé une convention d’assujettissement au régime d’union parentale.
D’autres conditions s’appliquent. Pour plus de détails, visitez notre page Le régime d’union parentale s’applique-t-il à vous ?
Avez-vous un patrimoine d’union parentale ?
L’union parentale vient créer ce que l’on appelle un « patrimoine d’union parentale ». Le patrimoine d’union parentale met en commun des biens qui appartiennent à l’un ou l’autre des conjoints et qui sont utilisés pour les besoins de la famille.
Les conjoints en union parentale peuvent décider que les règles du patrimoine d’union parentale ne s’appliqueront pas à eux en signant un document qui officialise leur décision devant un notaire.
S’ils adhèrent volontairement au régime d’union parentale, ils peuvent aussi l’indiquer dans leur convention d’assujettissement au régime.
Si les conjoints ont décidé que les règles du patrimoine d’union parentale ne s’appliquent pas à eux, tous leurs biens seront partagés selon les règles s’appliquant aux biens ne faisant pas partie du patrimoine d’union parentale (Voir la section « Biens ne faisant pas partie du patrimoine d’union parentale »).
Partage des biens du patrimoine d’union parentale : quelles règles s’appliquent ?
En cas de séparation, la valeur partageable des biens du patrimoine d’union parentale au moment de la séparation est généralement divisée en parts égales entre les conjoints.
En revanche, chaque conjoint peut habituellement conserver les biens du patrimoine d’union parentale dont il est propriétaire, à moins qu’il ne paye à l’autre conjoint sa part du partage du patrimoine d’union parentale avec ce bien plutôt qu’avec une somme d’argent.
Quels biens font partie du patrimoine d’union parentale ?
La loi prévoit que les biens suivants font partie du patrimoine d’union parentale :
- Les résidences de la famille, c’est-à-dire les résidences principales et secondaires utilisées par la famille (ex. : maison, chalet, condo, etc.).
- Les meubles et effets mobiliers de ces résidences utilisés par la famille (ex. : électroménagers, mobilier, éléments de décoration, etc.).
- Les véhicules automobiles utilisés pour les déplacements de la famille (ex. : voiture, camion, motocyclette, etc.).
- Les droits d’usage que l’un des conjoints possède sur une résidence de la famille dont il n’est pas propriétaire (ex. : le droit d’usage d’un condo détenu par une compagnie qu’il dirige).
Pendant leur union, les conjoints peuvent choisir d’ajouter ou de retirer des biens du patrimoine d’union parentale. Si c’est votre cas, la liste des biens composant votre patrimoine d’union parentale pourrait être différente.
Comment calculer la valeur partageable des biens du patrimoine familial ?
Il faut d’abord calculer la valeur nette des biens du patrimoine d’union parentale. Pour ce faire, il faut établir la valeur marchande des biens, c’est-à-dire le prix que vous pourriez en obtenir si vous les vendiez, et soustraire la valeur des dettes qui ont été contractées pour les acquérir, les améliorer, les entretenir ou les conserver.
Une fois la valeur nette des biens déterminée, il faut aussi soustraire certaines sommes que l’on appelle des « déductions ». Voici quelques exemples de déductions possibles :
- La valeur nette des biens faisant partie du patrimoine d’union parentale que chacun des conjoints possédait au début de l’union parentale, ainsi que la plus-value acquise par ces biens pendant l’union parentale.
- La valeur de l’apport fait par un des conjoints, pendant l’union parentale, à un bien du patrimoine d’union parentale. Un apport est une contribution faite notamment à partir d’un bien possédé avant l’union parentale ou reçu en héritage ou par un don (ex. : une somme d’argent). La plus-value acquise par cet apport pendant l’union parentale devra également être prise en compte dans la déduction.
Exemple de calcul
Maxime et Dominique ont adhéré au régime d’union parentale et ont créé un patrimoine d’union parentale qui comprenait uniquement la maison utilisée par la famille.
Au moment d’adhérer au régime, Maxime était déjà propriétaire de cette maison, qui valait alors 500 000 $ et sur laquelle il restait une hypothèque de 100 000 $ à payer.
Maxime et Dominique se séparent. La maison de Maxime vaut maintenant 700 000 $ et il ne lui reste aucune dette à payer en lien avec la maison.
Dans ce cas, la valeur de la maison sera partagée et Maxime aura droit à 2 déductions :
- Une correspondant à la valeur nette de la maison qu’il possédait au début de l’union parentale.
- Une correspondant à la plus-value acquise par la maison pendant l’union parentale.
Voici le détail du calcul à effectuer pour connaître la somme que Maxime devra verser à Dominique pour le partage du patrimoine d’union parentale.
Valeur nette au moment de la séparation
Valeur marchande de la maison au moment de la séparation – Reliquat des dettes contractées pour acquérir, améliorer, entretenir ou conserver la maison au moment de la séparation = Valeur nette au moment de la séparation
700 000 – 0 = 700 000
Déductions
- Valeur marchande de la maison au moment de la création du patrimoine d’union parentale – Montant des dettes contractées pour acquérir, améliorer, entretenir ou conserver la maison au moment de la création du patrimoine d’union parentale = Déduction pour la valeur nette de la maison
500 000 – 100 000 = 400 000 - Plus-value acquise pendant l’union parentale X Valeur nette au moment de la création du patrimoine d’union parentale ÷ Valeur marchande de la maison au moment de la création du patrimoine d’union parentale = Déduction pour la plus-value proportionnellement acquise pendant l’union parentale
(700 000 – 500 000) X 400 000 ÷ 500 000 = 160 000
Total des déductions : 400 000 + 160 000 = 560 000
Valeur partageable
Valeur nette au moment de la séparation – Total des déductions = Valeur partageable
700 000 – 560 000 = 140 000
Part que Maxime devra payer à Dominique dans le cadre du partage du patrimoine d’union parentale
Valeur partageable ÷ 2 = Part que Maxime devra payer à Dominique
140 000 ÷ 2 = 70 000 $
Biens ne faisant pas partie du patrimoine d’union parentale : quelles règles s’appliquent ?
En règle générale, lorsqu’un bien ne fait pas partie du patrimoine d’union parentale – ou si aucun patrimoine d’union parentale n’a été créé –, le conjoint qui est l’unique propriétaire du bien peut en faire ce qu’il veut. Il peut le conserver, le vendre ou encore le donner sans avoir de comptes à rendre à son ex. Toutefois, s’il s’agit de la résidence de la famille ou des meubles qui s’y trouvent et qui servent à l’usage de la famille, le conjoint propriétaire devra obtenir le consentement de l’autre conjoint ou attendre une certaine période après la séparation avant de pouvoir en faire ce qu’il veut. Un des conjoints pourrait aussi demander à un juge de lui attribuer la propriété des meubles qui servent à l’usage de la famille, même s’ils appartiennent à l’autre conjoint.
En revanche, si les conjoints sont copropriétaires du bien, ils doivent s’entendre pour déterminer qui peut le conserver. Celui qui cède le bien peut demander une compensation financière à celui qui le conserve, comme s’il lui vendait sa part. Ils pourraient aussi décider de vendre le bien et de partager le produit de la vente.
Comment déterminer qui est propriétaire d’un bien ?
Le propriétaire du bien est généralement la personne qui l’a acheté. Une preuve d’achat, comme une facture, peut donc vous aider à l’identifier. Cependant, la personne qui a acheté le bien n’en est pas toujours le propriétaire. Par exemple, lorsqu’un bien a été offert en cadeau, c’est la personne qui l’a reçu en cadeau qui en est propriétaire, et ce, même si ce cadeau provient de son conjoint.
Si vous avez tous les deux participé à l’achat du bien, vous êtes considérés comme copropriétaires du bien et il vous reste à déterminer la part de chacun. Par exemple, vous pourriez tous les deux en être propriétaires à 50 %, ou l’un d’entre vous pourrait l’être à 70 % et l’autre à 30 %. Si vous n’arrivez pas à déterminer vos parts respectives, la loi considère que le bien est détenu en parts égales entre tous les copropriétaires.
Les solutions en cas de désaccord
Si vous et votre ex n’arrivez pas à vous mettre d’accord, vous pouvez faire appel à un médiateur pour vous aider à trouver un terrain d’entente.
Lorsque aucune entente n’est possible, vous pouvez demander à un juge de trancher. Il pourra, par exemple :
- déterminer si un bien fait partie ou non de votre patrimoine d’union parentale,
- déterminer la valeur partageable de votre patrimoine d’union parentale,
- déterminer lequel d’entre vous est propriétaire d’un bien,
- déterminer dans quelle proportion chacun d’entre vous est copropriétaire d’un bien,
- ordonner à votre ex de vous remettre un bien qui vous appartient,
- ordonner à votre ex de vous verser une compensation financière pour vous avoir privé de l’un de vos biens,
- déterminer la valeur d’un bien,
- ordonner la mise en vente d’un bien dont vous êtes copropriétaires,
- attribuer à chacun d’entre vous la propriété exclusive d’une partie d’un bien dont vous êtes copropriétaires.
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MISE EN GARDE
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